Avec la pandémie, le taux de chômage des 18-25 ans s’est envolé et les 750 000 jeunes qui débarquent sur le marché du travail cet automne vivent un enfer. Quatre conseils pour ne pas se laisser abattre et tirer le plus profit possible de cette période inédite.
Pas évident d’entrer sur le marché du travail post-Covid… « 70 % des jeunes que nous avons interrogés estiment que la crise a retardé leur entrée dans la vie active », nous confirme le chasseur de tête Alain Mlanao, directeur général du cabinet de recrutement Walters People.
Le gouvernement s’emploie à désamorcer la bombe à retardement. Exonération de charges pour les entreprises qui embauche avant 25 ans, relance de l’apprentissage, contrats aidés… 6,5 milliards d’euros ont été affectés à l’insertion professionnelle des jeunes pousses.
Et comme le souligne la secrétaire d’Etat à la jeunesse Sarah El Haïri, cette génération devra se montrer « hyperagile ». L’heure est au système D. Prolonger ses études, se perfectionner en langues, cultiver une spécialité, approfondir une passion… Nous avons sondé les DRH des grandes boîtes habituellement les plus pourvoyeuses d’emploi pour les jeunes diplômés, selon Cadremploi. Voici leurs conseils :
1. Se replier temporairement vers un secteur plus stratégique
« Nous traversons une phase inédite, mais après le choc, l’activité globalement, reprend. Il faut que les jeunes diplômés gardent espoir, encourage Stéphane Dubois, le DRH de Safran. Il faut temporairement se détourner des secteurs les plus affectés pour prendre quelque chose d’un peu plus porteur. »
La génération de jeunes diplômés est « inquiète », « fébrile », constate-t-il. « On a reçu 30 % de plus de candidatures que l’an passé. On tient absolument à continuer d’embaucher, mais on sera peut-être à un tiers de moins de recrutements que d’habitude. Heureusement, les jeunes adaptent leurs types de recherche. Ils ont intégré que dans certains domaines, on cherche toujours et ils se sont beaucoup redirigés d’eux-mêmes vers les secteurs qui continuent de recruter. »
En l’occurrence, pour Safran, les matériaux, l’architecture industrielle, l’engineering system, l’analyse des données, le support et le service aux clients. « Et si ces jeunes ne trouvent pas de travail tout de suite, poursuit Stéphane Dubois, c’est peut-être une occasion de faire un double diplôme, ou d’aller enrichir son expérience à l’étranger. »
2. Prolonger ses études
« Cette année, nos recrutements seront moins importants, mais nous les poursuivons malgré tout », note Jihane Baciocchini, de Capgemini France, deuxième entreprise ayant enrôlé le plus de jeunes diplômés supérieurs en 2019, selon Cadremploi.
En attendant que les embauches reprennent, pourquoi ne pas affiner son cursus en l’enrichissant d’une nouvelle spécialisation ? Une langue, une expertise dans un domaine… Comme le conseille Jihane Baciocchini :
« Dans la mesure où la crise du Covid-19 va certainement impacter le volume d’offres d’embauche proposées aux jeunes diplômés, nous recommandons à ceux d’entre eux qui en auraient la possibilité d’en profiter pour faire une année de spécialisation et accroître ainsi leur employabilité future. »
3. Choisir une autre porte d’entrée
Vous rêvez de travailler pour les Gafam ? Pour une banque ou pour la haute administration ? Il y a peut-être des portes d’entrées auxquelles vous n’avez pas songé. L’armée par exemple, qui reste l’un des plus gros employeurs chez les jeunes. « Il faut avoir à l’esprit que nous sommes un ministère qui propose des premières expériences enrichissantes, quoi que l’on fasse ensuite, détaille Nathalie Tournyol du Clos, directrice adjointe au DRH du ministère des Armées. Evidemment, on ne choisit par l’armée par défaut, pour ne pas être au chômage. Mais on peut y travailler sans porter les armes ! Pendant l’été et le Covid, on a recruté 700 personnes pour les civils (médias, information, logistique, conducteur de travaux, ingénieurs). »
Et les reconversions, après quatre ou cinq années sont surprenantes. «La banque, par exemple, recrute beaucoup chez nous, comme d’autres secteurs, telles la construction. Nous avons un Job Board pour la reconversion des militaires. Les entreprises et chefs d’entreprises ont une très bonne image des personnes qui sont passées par le ministère des Armées. On a aussi des officiers, par exemple, qui partent gérer des Ehpad et Amazon frappe aussi très fort à notre porte car nous formons des logisticiens de très bonne qualité», énumère Nathalie Tournyol du Clos.
4. Expérimenter l’associatif, le collectif…
Chez LVMH, la DRH Chantal Gaemperle recommande aussi les parcours alternatifs. Cette crise inédite, et ce temps suspendu qu’elle génère peuvent être mis à profit, « quand c’est possible », pour« s’engager dans des actions collectives qui enrichissent les expériences ». Elle insiste :
« Il ne faut surtout pas baisser les bras ! Il y a des situations vraiment difficiles et des frustrations légitimes, mais il faut mettre à profit cette période et garder un esprit ouvert et constructif, en réfléchissant par exemple à plusieurs voies et alternatives en plus d’un intérêt pour un secteur, en travaillant son réseau dans un esprit de communauté. »
Source : NouvelObs