Pour compléter l’analyse sur l’évolution des réseaux sociaux au temps de la Covid-19, nous avons interviewé Ugo CERIA, Head of Creative Shop – Facebook & Istagram.
Au coeur des tendances relatives aux médias sociaux et animant une équipe créative globale dont le but est d’explorer le potentiel des plateformes et créer des connexions significatives entre les marques et les individus, Ugo nous parle de l’évolution de son métier et des réseaux sociaux en cette année particulière.
Quelle est votre fonction et quels sont vos objectifs au sein de votre organisation ?
Je dirige le Creative Shop de Facebook pour l’Europe du Sud. De la direction d’art au planning stratégique, de la production à l’innovation technologique, notre mission est d’apporter de la valeur en collaboration avec les équipes des marques et les agences créatives. Nos plateformes évoluent de manière constante et, avec elles, la capacité de répondre aux attentes des individus, de s’adapter à leurs besoins. Pour cela, l’équipe du Creative Shop met en place des projets créatifs novateurs et mesurables qui nous permettent de tester, apprendre et ouvrir la voie à des nouvelles solutions créatives. Le domaine de nos projets inclut Facebook, bien sûr, mais aussi Instagram, Messenger, WhatsApp et Oculus. Au-delà des contenus publicitaires pour le fil d’actualité, les Stories, Reels, la messagerie, la réalité augmentée et la réalité virtuelle ajoutent un immense potentiel à nos explorations créatives, toujours centrées sur ce qui est vraiment significatif et intéressant pour les individus.
De quelle manière les réseaux sociaux se sont adaptés à cette crise ?
L’évolution et le changement sont dans la nature même de nos plateformes, car les comportements et les nécessités des individus changent et la technologie évolue. La transformation, l’adaptation et l’innovation font partie de l’ADN de Facebook. Le mois de mars et le confinement ont bien évidemment modifié et amplifié certaines attitudes et donc accéléré le développement de nos plateformes. Selon notre recherche, dans ce mois exceptionnel l’usage du smartphone avait augmenté de 70%, celui des messageries de 45% et le temps sur les réseaux sociaux aussi de 45%. Le besoin de rester connectés malgré la distanciation avait fait augmenter de 70% la participation aux appels vidéo par Messenger. Cela a amené au lancement des Messenger Rooms et à une nouvelle importance de Facebook et Instagram Live. Les Groupes Facebook ont aussi joué un rôle fondamental pour le soutien entre individus. Tout cela a eu un impact direct sur notre travail pour les marques, que nous avons accompagnées dans la compréhension de ces changements soudains et dans l’adaptation de leur communication.
L’innovation de nos plateformes a aussi permis d’explorer des sujets devenus fondamentaux, comme la récupération de l’expérience du consommateur dans les points de vente (fermés ou très limités par les mesures du confinement) via des solutions digitales. Pour cette raison, par exemple, nous donnons de plus en plus d’importance au « Discovery Commerce » la possibilité pour les individus d’utiliser nos plateformes pour la découverte d’articles ou services qui les intéressent. Ils peuvent désormais effectuer le parcours complet qui va de la découverte à l’achat. Les boutiques Shops notamment sont nés de cette vision stratégique et ont aidé un grand nombre de petites et moyennes entreprises à accélérer leur digitalisation au moment où la vente traditionnelle était en difficulté.
D’autre part, la pandémie a eu un impact immédiat sur les comportements et les attentes des individus. Par conséquence, nous avons assisté les marques sur trois sujets fondamentaux : la communication, les messages adaptés à ce moment exceptionnel, l’action, leur soutien actif aux causes sociales et aussi la vente, le maintien de leur activité de commerciale dans le contexte de cette crise. Nous avons aussi accompagné l’évolution de nos plateformes avec nos conseils créatifs, en intégrant des nouvelles solutions et en investiguant leur potentiel.

De quelle manière les réseaux sociaux ont pu être « utiles » aux marques et aux consommateurs pendant cette pandémie ?
Au-delà du service aux marques, Facebook a joué un rôle clef sur le terrain, dans le soutien actif des entreprises et des individus. Pour citer quelques initiatives en France, la diffusion de spectacles vivants (#ensemblealamaison et plus récemment #ensembleauspectacle) a permis de rapprocher les publics et les artistes quand la distance semblait inévitable.
Je voudrais aussi citer l’initiative #jelikemoncommercant avec laquelle plus que jamais Facebook tient son rôle de lien économique comme social, dans le quotidien des Français et des entreprises de toutes tailles. Il s’agit d’un partenariat d’envergure avec la CPME pour accélérer la digitalisation de plus de 150.000 petites et moyennes entreprises, soit près de 3 millions de salariés en France. Les commerces de proximité peuvent ainsi s’appuyer sur le numérique face à la crise et accélérer l’adoption de solutions digitales dans le cadre des restrictions sanitaires qui contraignent de nombreuses entreprises à rester fermées. 2 millions d’euros ont été consacrés aux petites et moyennes entreprises de Paris et d’Ile-de-France. Ces subventions s’inscrivent dans le cadre du programme mondial d’accompagnement de Facebook lancé au début de la crise du Covid-19, d’un montant de 100 millions de dollars pour soutenir jusqu’à 30 000 PME dans plus de 30 pays à travers le monde.
Un mot, une phrase pour conclure ?
« People first », les individus d’abord. Deux mots qui incarnent la philosophie de Facebook dans la conception de ses solutions et le développement de ses plateformes. Je crois que cette priorité donnée aux individus, à leurs besoins et les aspirations est aussi en train de devenir la meilleure façon de repenser la stratégie de marque pendant cette crise et aussi pour les années à venir. J’ai la chance de voir surgir chaque jour avec mon équipe des nouvelles opportunités créatives offertes par l’évolution de la technologie mais quand il s’agit de décider si une idée, une innovation ou une campagne sont vraiment réussies, ce n’est qu’à partir de leur capacité de réponse aux attentes et aux intérêts des individus que nous pouvons en juger.