Actuellement confinés, les Belges peuvent cependant choisir une personne – en plus de leurs éventuels cohabitants – qu’ils ont le droit de toucher et d’étreindre en oubliant la distanciation. C’est leur “knuffelcontact”, c’est-à-dire leur “contact câlins”.
Les résultats sont tombés le 15 décembre. Le dictionnaire Van Dale avait invité les internautes à élire un mot de l’année, leur soumettant une longue liste de propositions – il faut dire qu’en néerlandais on forge assez facilement un nouveau mot en en assemblant deux ou trois.
Et le verdict est différent selon que l’on se trouve au nord ou au sud de la frontière, observe le dictionnaire sur son site : les Néerlandais ont opté pour “anderhalvemetersamenleving”, c’est-à-dire une société (samenleving) où chacun se tient à un mètre et demi (anderhalvemeter) de distance. Tandis que les Belges néerlandophones, visiblement, “aiment les câlins”, écrit le Van Dale, qui a constaté que “dès le premier jour, le mot ‘knuffelcontact’ apparaissait en haut du classement, et n’en a plus été délogé”.

Mignon mais prude
Ce mot, rappelle la VRT, on le doit au nouveau ministre belge de la Santé, Frank Vandenbroucke, en poste depuis le 1er octobre. Pour édicter les règles sanitaires, le précédent gouvernement, dirigé par Sophie Wilmès, avait inventé le concept de “bulle”, c’est-à-dire un ensemble de personnes qu’on est autorisé à fréquenter de près, sans précautions – en plus de celles avec lesquelles on vit. Selon les étapes de déconfinement ou de reconfinement, la bulle a varié en dimension. Pour être finalement ramenée à une unique personne, la seule qu’on peut serrer dans ses bras ou embrasser en s’affranchissant de toute règle de distanciation. Ce qui en fait un “knuffelcontact”, c’est-à-dire un “contact câlins”. Les Belges qui vivent seuls ont d’ailleurs droit à un deuxième “knuffelcontact”.
“Le nouveau gouvernement a bien compris la nécessité d’une communication claire”, note le rédacteur en chef du Van Dale, qui trouve “réconfortant” de pouvoir troquer le “contact rapproché”contre un “contact câlins”.
Un concept mignon, quoiqu’un peu prude, constatait un sexologue dans De Morgen, puisque, contrairement aux Pays-Bas – qui ont évoqué dès le printemps la possibilité de se choisir un “sex-buddy” –, il n’est pas dit en Belgique si l’on peut avoir des rapports sexuels avec son “contact câlins”. Un besoin trop peu pris en compte par les autorités dans la formulation des mesures sanitaires, estimait-il, et qui est pourtant essentiel. En témoigne cet autre terme apparu en début de pandémie, “huidhonger”, qui désigne la faim (honger) que ressent notre peau (huid) lorsque nos corps confinés sont privés de contacts.
Source : Courrier International