J’ai toujours mal tenu mon stylo, avec la prise dite « de la griffe ». La force avec laquelle j’appuyais sur l’annulaire m’a provoqué, aux temps de l’école, une callosité plutôt évidente, ronde et translucide.

Aujourd’hui, devant l’écran de l’ordinateur, je m’aperçois avoir deux petites zones rouges, une sur chaque main, à l’endroit où le poignet touche sur le coin de mon Mac.

Si je devais résumer le mot Xennial je dirais : une génération « du milieu » qui a eu le temps de faire cohabiter la callosité de l’écrivain analogique avec celle du digital.

Xennial, Mushroom, cabinet de recrutement, chasseurs de têtes, chasseur de tête, communication, marketing, digital, start up, innovation

Selon Dan Woodman, professeur associé à l’Université de Melbourne, les Xennial sont nés entre 1977 et 1983. Une zone d’ombre (mais selon lui de lumière) entre la génération X, la dernière avant l’arrivée du web, et les Millenials, lesquels ne se souviennent pas du monde sans Internet.

Des gens qui, selon toujours Woodman, ont évité le cynisme sombre des grands frères  sans pour autant sombrer dans l’optimisme arrogant des frères cadets. Pour le Professeur, ce sont tout simplement « les meilleurs » car capables « d’évoluer » sans se faire dépasser par les événements.

Mes congénères et moi sommes les seuls à avoir traversé toutes les phases de l’évolution. Pour parler musique, nous avons demandé notre chanson à la radio pour l’enregistrer sur une cassette, nous avons eu le walkman, le lecteur CD, l’IPod, nous avons découvert de nouveaux groupes sur Myspace, écouté de la musique sur YouTube, nous nous sommes inscrit sur Spotify….

Même chose pour le cinéma. Nous avons attendu que le film arrive à la télévision, deux ou trois ans après son passage en salle, nous avons loué des DVD, payé le retard chez BlockBuster pour ne pas les avoir rendus dans les temps, vu fermer les Blockbuster, téléchargé des films gratuitement, nous nous sommes inscrit sur Netflix….

Sommes-nous les meilleurs ? Je ne le dirais pas. Peut être les plus précaires. Tels les ornithorynques, qui ont les pieds palmés, mais ne sont pas des canards, allaitent leurs petits mais pondent des œufs. Objectivement un mélange improbable.

Il nous convient d’être ornithorynques ? Ils sont laids et maladroits. Moi, par exemple, je suis beaucoup plus mal à l’aise avec les nouvelles technologies que mon stagiaire qui a l’âge de mes « Levi’s 501 ». Mais, en comparaison, j’ai une majeure adaptabilité à l’attente et à l’imprévu.

Xennial, Mushroom, cabinet de recrutement, chasseurs de têtes, chasseur de tête, communication, marketing, digital, start up, innovation

Qui sait si nos amis ornithorynques regrettent la terre quand ils sont dans l’eau, et l’eau quand ils sont sur la terre ? Comme nous, quand on affirme « c’était mieux quand on pouvait encore téléphoner depuis une cabine avec des jetons », pour ensuite devenir fous si dans le train il n’y a pas de connexion wifi.

Le passé est motif d’ironie mélancolique. Il est plus un « état d’esprit » qu’une conviction : nous sommes fiers de notre callosité sur notre doigts mais nous peinons à nous rappeler comment on écrit en cursif…

Source : Enrica Tesio