La sortie récente de VEO3, le dernier modèle vidéo génératif de Google, a fait sensation dans les milieux technologiques… mais pas forcément pour les raisons attendues. Si certains saluent les avancées techniques impressionnantes de cette IA, d’autres, en particulier les créateurs de contenu sur les réseaux sociaux, s’empressent de souligner un effet secondaire plus troublant : le sentiment d’inquiétante étrangeté que suscitent ces vidéos, trop parfaites pour être vraies… et trop imparfaites pour sembler humaines.
Une beauté froide et dérangeante
VEO3 est capable de générer des vidéos ultraréalistes à partir de simples descriptions textuelles. Pourtant, malgré le réalisme saisissant des mouvements, des textures et des environnements, quelque chose ne tourne pas rond : les visages sont souvent presque humains, mais pas tout à fait ; les regards ne semblent jamais vraiment "habités". Ce phénomène, bien connu sous le nom de "vallée de l’étrange" (ou uncanny valley), crée une gêne diffuse, une impression que quelque chose cloche, sans pouvoir dire quoi exactement.
TikTok, X et Instagram : la moquerie comme défense
Sur TikTok, les vidéos satiriques se multiplient : on y voit des faux films d’action aux explosions molles, des plans dramatiques où les personnages ne clignent jamais des yeux, ou des scènes romantiques où les sourires figés virent au cauchemar. Le ton est moqueur, souvent absurde, mais cache une vraie réflexion : jusqu’où peut-on simuler l’humanité sans la ressentir ?
Des comptes sur X (anciennement Twitter) publient en rafale des "bandes-annonces IA" ridicules, avec des voix robotisées qui prononcent des phrases sans queue ni tête. "Regardez ce chef-d’œuvre IA généré par un prompt de 3 lignes", écrit un utilisateur, vidéo à l’appui, montrant un lion en smoking dans une boîte de nuit sous-marine. La réaction ? Un mélange de rires, de gêne, et d’interrogations sur les limites de la technologie.
Une réaction culturelle, pas seulement technique
Ces détournements ne sont pas simplement des blagues : ils expriment une résistance culturelle face à une technologie qui bouscule la création artistique. En ridiculisant les maladresses de VEO3, les créateurs pointent du doigt un enjeu fondamental : la vidéo générée par IA peut-elle vraiment concurrencer l’émotion brute d’un acteur humain, l’imperfection touchante d’un plan mal cadré, ou la spontanéité d’une scène filmée sur le vif ?
Entre fascination et malaise
Il ne fait aucun doute que VEO3 représente un bond technologique spectaculaire. Mais la réponse ironique de la communauté créative montre qu’un réalisme technique n’est pas suffisant pour créer du vécu émotionnel. Pour l’instant, l’IA sait fabriquer l’apparence de la vie, mais pas encore la vie elle-même.
Et tant qu’elle ne saura pas reproduire le regard d’un être humain, pas juste ses pixels, il y aura toujours quelqu’un pour rire, détourner… et rappeler que l’homme reste, pour l’instant, inimitable.